5 décembre 2008

Voix de garage

Chop Shop de Ramin Bahrani.

Bienvenue au royaume d'essieux. Voilà l'étonnante révélation de ce film : au fin fond du quartier de Jackson Heights, dans le Queens à New-York, à quelques encâblures du Shea Stadium et du parc de Flushing Meadows, se love le Triangle de fer, trois rues à l'asphalte défoncé, royaume de la pièce détachée automobile, microcosme latino où s'entassent les ateliers de carrosserie et autres garages plus ou moins officiels, morceau de tiers-monde délocalisé au cœur d'une des villes les plus riches du monde, où les baraques de burritos, les enseignes déglinguées, les rideaux de fer rouillés et jusqu'à la poussière semblent directement importés du sud du Rio Grande.

C'est dans ce décor hallucinant que Bahrani nous donne à voir une tranche de la vie de deux gamins, Alejandro, 12 ans, et sa sa sœur Isamar, 16 ans, qui squattent à la dure à l'étage d'un petit garage. Ale trime toute la journée pour économiser de quoi rêver à une autre vie. Izzy vend des frites, et plus si affinités...

Encore un de ces films fiction-docu-vérité-social qui semblent proliférer en ce moment. Celui-ci s'acharne non sans un certain talent, notamment celui de ses jeunes acteurs, à nous raconter pas grand chose, sans vraiment de début, sans vraiment de fin.

Mais à y réfléchir, l'intérêt du film réside peut-être davantage dans ce qu'il ne montre pas que dans ce qu'il montre. C'est à dire que l'horizon des personnages ne dépasse jamais ces quelques rues clochardes, limitées par la silhouette des stades à l'entour, et quelques bretelles d'autoroutes. Les activités pas toutes très légales des garages auto ne provoquent jamais la venue du moindre uniforme. Autrement dit, quoiqu'au beau milieu du centre du monde, ce quartier semble totalement hors du monde. Une vision réaliste mais aussi prémonitoire de la cohabitation entre tiers-monde et monde développé, la ville opulente entretenant en son sein une frange miséreuse totalement exotique comme soupape de sécurité économique. Vu de banlieue, on apprécie la justesse de la vision.

Crash-test :

1 commentaire:

Anonyme a dit…

me voici peu alléchée.
Et le rêve au ciné dans tout ça , mon petit Hobopok!
je sais bien que c'est la crise , mais tout de même.
tout ça manque de paillette et me semble un peu rafistoler un air de déjà vu.