15 janvier 2013

Mali : The Long Con

Le mot con en anglais, qui n'a rien à voir avec l'anatomie féminine, est l'abréviation de confidence trick, qu'on pourrait traduire par abus de confiance, et désigne en fait une arnaque pratiquée par un escroc à la grande ou à la petite semaine, le con artist. Deux catégories : le short con, escroquerie vite faite bien faite, comme par exemple embrouiller sur la monnaie rendue à la caisse d'un magasin, et le long con, escroquerie raffinée à plusieurs étages et à gros rapport, où l'escroc n'hésite pas à engager ou perdre un peu d'argent dans l'espoir de rafler beaucoup à la fin, et où surtout il parvient à persuader le pigeon qu'il est lui-même le plus malin, comme dans le film L'arnaque. Le spectacle auquel nous assistons au Mali depuis ce week-end appartient évidemment à la deuxième catégorie : un long con.

Car les fripouilles islamistes, coupeurs de mains et lapidateurs fanatiques, ramassis de quelques milliers d'hommes tout au plus, pour beaucoup venus d'autres pays, Algérie, Libye, Nigeria, etc... armés dans les arsenaux de Kadhafi, et financés par les pétromonarchies du golfe Persique, se soucient au fond du Mali, et des Touaregs dont ils ont usurpé le combat, comme de leur premier tapis de prière. Peu leur chaut d'avoir pu hier botter les fesses à une armée malienne en capilotade. Peu leur chaut aujourd'hui de se faire éparpiller par quelques tirs de missiles d'hélicoptères ou de Rafale. Leur vraie victoire, c'est d'avoir entraîné dans ce conflit l'armée française, perçue comme l'armée coloniale de la Françafrique.

Vous reprendrez bien un petit peu de désert ?
Quelle meilleure justification du djihad, quelle meilleure propagande, quelle meilleur argument pour convaincre et recruter demain de nouveaux partisans, que cette opposition frontale avec l'Occident chrétien ? Sur l'échiquier mondial du djihad, le Mali n'est qu'un pion qui peut être sacrifié pour remporter d'autres victoires demain. Les brillants stratèges qui, eux, ne risquent pas leurs vies dans les dunes du Sahel, n'ont pas pour horizon une campagne de quelques semaines, mois ou même années. Ils comptent leur temps en dizaines d'années, s'efforçant de le faire jouer en leur faveur.

Toutes les rodomontades occidentales, les coups d'épée dans l'eau, les mouvements de menton, les déclarations de guerre au terrorisme, au demeurant un peu ineptes, toute acceptation du conflit dans les termes posés par les djihadistes eux-mêmes, doivent, espèrent-ils en tout cas, les servir à plus ou moins long terme.

Mais alors, vous direz-vous à la lecture de cette pénétrante analyse, comment se fait-il que les dirigeants français, politiques comme militaires, qui ne sont pas complètement idiots et ne prennent pas leurs leçons de géopolitique en lisant ces colonnes, soient tombés tête la première dans le panneau ? Mais tout simplement parce qu'ils n'avaient pas le choix. Eux qui réclamaient depuis des mois une intervention armée pour reconquérir le nord du Mali, comment pouvaient-ils laisser prendre Mopti, puis tomber Bamako ? On voit par là la qualité de l'entourloupe, où l'escroc islamiste garde la parfaite maîtrise des rouages de son machiavélique mécanisme, pour ne laisser aucune échappatoire au pigeon. Du travail d'artiste.

4 commentaires:

Hobopok a dit…

C'est très exactement ce que je ne dis pas. Je dis qu'il y avait guère le choix, mais que ce non-choix, même provisoirement victorieux, nous annonce des lendemains qui déchantent.

Le terrorisme n'est pas une armée, et ne se vaincra pas à coups de canon comme une armée.

Et par pitié, qu'on cesse de se référer à Hitler pour fermer le ban à tout débat.

Les Rigolus a dit…

Où comment se faire gentiment rhabiller.

Appollo a dit…

Surtout que si ma mémoire est bonne, la France n'a effectivement rien fait quand l'Allemagne a envahi la Pologne (à part déclarer la guerre sans la faire).

Mr Bricolage a dit…

Râteaux en soldes ! Râteaux en solde !