5 janvier 2013

La petite souris et le grand méchant ours

Ernest et Célestine de Benjamin Renner, Stéphane Aubier, Vincent Patar.

Déclassification des espèces. Un gros ours mal léché et une souricelle dégourdie vont vivre leur belle amitié, en dépit des préjugés des membres de leur gent respective.

Voilà cette fois une production franco-belge qui va ravir les amateurs de cinéma d'animation : les réalisateurs de Panique au village ont fait équipe avec un troisième larron pour réaliser ce chef d'œuvre de poésie délicate et profonde, enlevée et élégante, mais aussi drôle et intelligente, merveille pour les yeux comme pour les oreilles, à des lieues pourtant de la loufoquerie déjantée qui les avait fait connaître. On voit par là que leur talent n'avait rien de circonstanciel ou d'accidentel, mais qu'on a affaire à des gens qui la connaissent, leur affaire, et savent fignoler de l'animation quels que soient le style ou le genre, en s'adressant d'une même voix aux publics de tous âges

Tout l'aspect esthétique du film est splendide, avec un coloriage à l'aquarelle époustouflant, au point qu'il est, chose rare en animation, bien difficile de déceler une différence de traitement entre le décor et les personnages. La musique est aussi discrète qu'efficace et subtile, tout au service de l'image, notamment dans le morceau de bravoure du film, transition entre l'hiver et le printemps inspirée des poèmes visuels d'Oskar Fischinger.

On n'enlèvera pas d'étoile au crash-test pour un défaut pourtant horripilant : le dialogue truffé de l'expression grand méchant ours prononcée méchan hourse, au lieu de méchantourse. Si le syndrome du hiatus purulent, dû à l'euro, se répand comme une lèpre jusque dans nos films d'animation, refuges de notre âme d'enfant, on ne va plus beaucoup rigoler. Charitablement, nous mettrons cette peccadille sur le compte d'un belgicisme de mauvais aloi.

Crash-test :

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