L'étrange histoire de Benjamin Button de David Fincher.
Le contresens de la vie. Né avec le corps d'un (tout petit) vieillard de quatre-vingts ans, Benjamin Button va traverser la majeure partie du vingtième siècle pour s'éteindre peu avant celui-ci dans la peau d'un nouveau-né. La vie, l'amour, la guerre, dans le sens contraire des aiguilles d'une montre.
On avait laissé David Fincher avec Zodiac, histoire de tueur en série où c'était la ville de San Francisco qu'on avait numériquement maquillée pour lui faire traverser une partie du siècle. Quasiment pas un plan qui n'ait été passé à la moulinette informatique, et ce presque à l'insu du spectateur. Pour Benjamin Button, on ne peut pas dire qu'on ne soupçonne pas un trucage en voyant Brad Pitt rajeunir en proportion inverse du vieillissement de la sublime Cate Blanchett, mais c'est si bien fait sans coutures apparentes qu'on finit par s'en fiche et se concentrer sur l'histoire.
Car c'en est une, grande et belle histoire, biographie picaresque, faite de savoureuses autres histoires plus petites, habitée de personnages ordinaires hors du commun, et qui finissent par composer un tableau trop grand pour la galerie des batailles à Versailles. Une histoire comme dans ces livres d'images qu'on lit le soir aux enfants de sept à soixante dix-sept ans. Un récit comme un conte à mourir debout qui tente, en deux heures quarante qu'on croirait un clin d'œil, de philosopher sans emphase ni sentimentalisme mais avec beaucoup d'émotion sur la condition humaine et les rapports étranges que peuvent entretenir les corps et les âmes.
La facture peut sembler classique, mais le ton, mâtiné d'humour triste, est juste. Le scénario évite la facilité qui aurait consisté à s'intéresser de trop près aux nombreux paradoxes que doit résoudre un enfant vieillard ou un père de famille juvénile, comment justifier son tarif jeune quand on a l'air cacochyme, sa carte Vermeil quand on suce son pouce, etc... Pas de freak show, pas de voyeurisme temporel, et Kronos ne bouffe pas ses enfants sous nos yeux.
Ça fait un peu mal aux fesses d'écrire ça, mais Fincher pourrait donner des leçons de cinéma à Coppola qui, sur un sujet similaire, s'était assez lamentablement planté avec son soporifique et cucul Homme sans âge.
Un petit mot encore pour signaler que ce film long et touffu et grandiose est tiré d'une toute petite nouvelle de rien du tout de Francis Scott Fitzgerald, et pour conseiller aux producteurs américains de m'engager comme consultant la prochaine fois qu'ils tournent des scènes censées se passer à Paris (voire au Bourget), parce que personne ne risque de se faire renverser par une voiture en sortant de l'entrée des artistes de l'opéra Garnier comme le donne à voir Fincher. Ego te absolvo a peccatis tuis.
Crash-test :
14 février 2009
Autant en emporte le temps
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5 commentaires:
je lis la critique comme je regarde le slalom special..
ça passe , ça passe , ça gagne : 5 etoiles!
Chouette , enfin un film pour ...ma 2 ème semaine de vacances ..
sic:jolis restes de latin.
Hello le boubounet, pas vraiment tentée par ce bouton là.
En revanche voilà des nouvelles nouvelles : Le blog du Bibelot en cours de création mais qui a déjà posté ton adresse... Check this out... http://mpp-news.blogspot.com/2009/02/mpp.html
A y bien repenser , ce film doit vraiment être pour moi. Partir de la vieillesse et remonter le temps, ça ne doit pas être plus mal , non? ce serait un peu mon rêve. bon c'est décidé , j'irai voir ce film..
Aïe Aïe Aïe, les horaires de ciné jouent contre moi...
Tant que ça n'est pas ton horloge biologique !
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