A quelques heures du derby Saint-Etienne / Lyon, on connaît déjà le nom de l'homme du match : Frédéric Piquionne. Après un détour malencontreux par l'Association Sportive de Monaco, l'ancien attaquant des Verts a été recruté par l'éternel rival lyonnais, ennemi supposé héréditaire. Voilà qui lui promet une chaude réception dans le Chaudron stéphanois de Geoffroy-Guichard, et pour une fois pas totalement imméritée, à l'heure où les footballeurs ont pourtant bien le doit de faire leur vie où bon leur semble. C'est que l'histoire vaut son pesant de rhum arrangé.
L'ASSE avait été chercher le Martiniquais, natif de Nouméa (il est fils de gendarme...), à Rennes, où il végétait passablement. Il explose alors sous le maillot vert, plante but sur but, on commence à parler de lui pour la sélection. Décembre 2006, à quelques jours justement d'un derby, le délicat Jean-Michel Aulas, président de l'OL, le contacte pour lui agiter son gros chéquier sous le nez. L'ASSE flaire un peu comme qui dirait une manœuvre grossière bien dans la manière du délicat Aulas, et fait savoir qu'il n'est pas question que Piquionne change de maillot, et surtout pas à ce moment, et surtout pas en faveur de Lyon, non mais des fois, faudrait voir tout de même à pas pousser.
Là-dessus, Piquionne se braque, pète un câble et se laisse aller à de surprenantes digressions sur les dirigeants stéphanois : "Ils m'ont pris pour un moins que rien, dit que je n'avais pas mon mot à dire, que j'étais sous contrat, alors que j'étais l'esclave du club. S'ils continuent à me traiter comme un esclave, je ne me laisserai pas faire. Je suis peut-être noir mais pas un esclave", propos tout en finesse reproduits dans le quotidien local La Tribune - Le Progrès en janvier 2007. Un esclave à 80 000 € mensuels à l'époque, tout de même. C'est à dire un peu mieux que 40 arpents et une mule pour solde de tout compte. A noter que malgré son immense peine, Piquionne n'a pas mis à exécution ses menaces d'arrêter le football pour rentrer en Martinique (où l'attendait sans doute un emploi de secrétaire particulier d'Aimé Césaire).
La récolte de la canne dans les colonies.
L'ASSE ne pouvant pas décemment accéder à un ultimatum si élégamment formulé, et un peu à cours de canne à sucre à couper dans le Forez, l'envoya soigner ses blessures infligées par ses chaînes dans la principauté de Monaco, célèbre terre d'asile pour opprimés. Objectif atteint pour l'OL : Saint-Etienne finit la saison privé d'un de ses meilleurs joueurs. Deux ans après, Aulas rachète l'esclave du football à Monaco à prix bradé. Chapeau l'artiste.
Ce genre d'affaire de trafic humain est trop grave pour que le gouvernement ne s'en saisisse pas. Je vais devoir mettre Bernard Laporte en rapport avec Rama Yade.
30 août 2008
Le vert et le noir
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8 commentaires:
c'est qu'en plus, ce has been est passablement aigri, il ferait aussi bien de ne pas jouer ...
ha , je commençais à m'inquiéter!
c'était un peu les basses hauts chez mon hobopok préféré depuis quelques jours de silence inquiétant.
je me disais : " pourvu qu'il ne soit pas malade , ou déprimé ou pire , qu'il est perdu ce goût bien rare de nous narrer les points stratégiques de l'actualité."
Car je le reconnais : ma culture sportive( et financière) , sans ces articles passablement argumentés et nourris d'un tel esprit subtil , seraient une honte à me confiner chez moi .
c'est bien le seul à me rendre le sport "intéressant".
je me demande , par exemple où tu trouves des photos si 'raccord" avec tes arguments .
C'est du grand art.
j'aime beaucoup la phrase du début du 2éme paragraphe...géographiquement parlant.
vive la mondialisation.
pour le reste , vu la définition de l'esclave , je me dis que c'est dommage que je n'ai pas le talent d'en être.
Toutes mes excuses pour l'erratum fatal. haut =eaux; promis je vais me soigner.
Les dirigeants stéphanois devaient être verts. Ah ! Ah ! Hum.
@Vivie69 : être ou ne pas être esclave, zat is ze quetschen.
@Totoche : attention au carton jaune !
Pour l'instant l'homme du match c'est Karim Benzema...Héhéhé
Ah très drôle. Bon, on s'y attendait un peu , hein.
esclave , je crois bien :
N'est pas libre qui veut...
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