Le pont de la rivière Kwai de David Lean.
C'est après avoir lu le bouquin de Ronald Searle que je me suis dit qu'il fallait à tout prix que je revoie le film mythique de David Lean. Et quand je dis "revoie", c'est plutôt "voie" parce que j'en ai pas vraiment souvenir, jamais vu en salle, peut-être entraperçu gamin à la télé. C'est chose faite en vidéo grâce aux autoroutes de l'information. Enfin je me comprends.
Un très bon film qui a bien vieilli, technicolor, bravoure héroïsme, pratiquement pas une gonzesse en vue (ah, si, tout de même, une blondasse infirmière en maillot de bain à Colombo, et une brochette de top-models thais en guise de sherpas...), avec un sens aigu de la mise en scène. Plans larges, mouvements de foules, scènes d'action, le lâche qui retrouve son courage, sens du sacrifice, de l'honneur, le planqué qui se rachète, scènes intimistes et échanges philosophiques, quand deux mondes se croisent sans se comprendre. Le menu est riche. Et on ne s'ennuie pas une seule minute le long des deux heures et quelque de pellicule.
Première partie : un nouveau bataillon arrive au camp de construction, mené par le colonel Nicholson, anglais jusqu'au bout des moustaches. La partie la plus intéressante du film : risquant sa propre vie (et accessoirement celle de ses hommes qui ne lui en voudront pas pour si peu), Nicholson s'oppose frontalement à Saito, le colonel japonais à peine moins maboul qui commande le camp. Jeu de pouvoir, rapport de force. C'est Furyo, sans la salade d'orchidées. On comprend bien que les pauvres prisonniers anglais en bavent des ronds de chapeau, mais, limites de la recréation hollywoodienne, ils sont tous gras comme des loukoums, assez loin des dessins de Searle, et la maladie la plus grave dont il souffrent semble être la flemmingite.
Deuxième partie, film de guerre plus conventionnel : l'opération commando à travers la jungle pour faire péter le pont et son train inaugural, au grand dam de Nicholson qui, trop content du chouette pont qu'il a construit à la sueur de ses soldats, voudrait empêcher sa destruction. Faisant ainsi le jeu des Japonais, il ne comprend son incroyable vanité que lorsqu'il s'effondre mort sur le détonateur. A la fin, ils font tout péter, pour rendre à la rivière son vieil air d'autrefois. Dernières paroles prononcées par l'aumônier constatant les dégâts : "la folie, la folie". J'entends comme en écho "l'horreur, l'horreur", dans une autre jungle dans une autre guerre.
Ou alors c'est Pierre Boulle qui a pompé Conrad (note à Totoche : Joseph, pas Didier). Pierre Boulle, l'auteur français du best-seller mondial qui a servi de base au film, gagna l'Oscar® de la meilleure adaptation, alors qu'il n'entravait pas un traître mot d'anglais. Allez comprendre. Ben je vous explique : 1957, chasse aux sorcières, les scénaristes Michael Wilson et Carl Foreman, blacklistés, ne récupéreront leur Oscar® qu'après leur mort genre vingt ans après. C'est moche.
Enfin pour la fameuse musique, la Marche du colonel Bogey, que les soldats sifflotent en travaillant et en en bavant des ronds de chapeau pour narguer leurs geôliers, Lean aurait voulu conserver les paroles satiriques qui faisaient bien rigoler les bidasses de la seconde guerre mondiale : "Hitler has only got one ball" ("Hitler n'a qu'une seule roubignolle"). A quoi le producteur Sam Spiegel rétorqua que c'était pas avec ça qu'il allait gagner l'Oscar®. Avec le recul, comment lui donner tort ? Grâce à lui, on a échappé à La grande vadrouille.
Crash-test :
8 septembre 2008
Le petit pont de bois tout près
de la rivière
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
5 commentaires:
retour aux sources et anthologie donc cette semaine.
n'y aurait il rien de correct à se mettre sous la dent ces temps ci.. c'est un film que j'ai aussi vu , il y a fort longtmeps , un film "culte" comme on nous dit , par chez nous , en province.
certainement à revoir avec le regard de la "quarantaine" certainement.
Si je comprends bien ton résumé : c'est l'histoire d'un mec, à la fin il meurt (après avoir bouffé des ronds de chapeaux), c'est bien ça ?
M'est avis que Conrad (Didier, pas Joseph) a dû plutôt regarder du côté de M*A*S*H :-)
Oh, ça bien sûr, si ça n'est pas le Piège birman, M. Totoche fait la fine bouche. Pour M*A*S*H, attends voir un peu, j'en ai sous le coude.
c'est gras un loukoum ? Parceque ça paraît plutôt sucré au goût
Je vais devoir en référer à mon dresseur d'ours habituel.
Enregistrer un commentaire