Bienvenue à Boboland de Dupuy-Berberian.
Philippe Dupuy et Charles Berberian (par ordre non alphabétique) traînent comme un boulet une réputation à peine usurpée de chantres de la boboïtude. La faute à Monsieur Jean, jolie série joliment dessinée avec de jolies couleurs pleine de gentils personnages gentiment névrosés. Drôle et tendre à la fois, pour reprendre l'expression qui accompagne en général la promo cinématographique des oubliables comédies françaises à la mords-moi le nœud où on peut aller manger du popcorn en famille.
L'album rassemble de courtes chroniques, de quelques planches chacune, prépubliées dans Fluide Glacial. Toute l'action se déroule sur cent mètres de berges du canal Saint-Martin à Paris, double concentré de branchitude bobo, microcosme d'exception pour créatifs névrosés, mères de famille à la page, mannequins anorexiques, artistes conceptuels, SDF crasseux, serveuses odieuses, designers équitables, et psychanalystes bio. Toute ressemblance...gna gna gna... vous connaissez la suite... fortuite et involontaire.
Eh ben voilà, avec cet album, la saison se prêtant aux métaphores footballistiques, c'est contre-pied total et patate en lucarne. Dupuy-Berberian ne chantrent plus, et même se paient allègrement la fiole de... mais de qui donc au juste ? Leurs voisins ? Leurs amis ? Leurs familles ? D'eux-mêmes ? Des blogueurs du dimanche ? Euh, non... pas des blogueurs du dimanche, mais il s'en fallait de peu. C'est un vrai plaisir que de voir les auteurs renoncer à l'eau tiède pour se lancer dans le sarcasme caustique et l'ironie au vitriol. On retrouve un peu les méchants Dupuy-Berberian d'Henriette avec de la bouteille en plus, que demande le peuple ? Je ne voudrais pas flagorner outre mesure, mais ça rappelle presque, par la peinture consternée d'une époque partie en vrille, les Frustrés de Brétécher pour les années 70.
Parce qu'outre qu'il est assez férocement drôle, l'album est aussi graphiquement très abouti. Peut-être n'est ce encore qu'une phase dans l'évolution des deux compères, mais on dirait qu'ils ont bien digéré leurs digressions en solo, et brillamment équilibré leurs expériences en BD et en illustration pour amalgamer le meilleur des deux. Chaque page semble déconstruite tout en étant discrètement structurée : liberté apparente, rigueur sous-jacente, de la belle ouvrage. De super belles couleurs (équitables et bio) que Dupuy-Berberian ont confiées à Ruby, encore qu'elle ne soit pas mentionnée explicitement partout mais chapeau quand même.
Y a juste un truc qui m'agace un tout petit peu prodigieusement, surtout venant de Grands prix de la ville d'Angoulême, c'est qu'ils s'obstinent, travers malheureusement commun dans la BD, à confondre "ah" et "ha". Leurs personnages rient en faisant "ah ah ah" comme s'ils venaient plutôt de découvrir un truc super intéressant justifiant leur exclamation. Essayez à voix haute, vous verrez, tout éclat de rire commence par un "h" aspiré : "ha ha ha" faudrait-il donc écrire. A l'inverse, on écrit "ah bon", "ah tiens", "ah oui", ou encore "eh bien", et non "et bien".
Et puis aussi les pages sont pas numérotées, flûte ! Au prix où ça coûte ! Bon ça doit être juste moi. Je prends mes pilules et je vais me coucher.
23 juin 2008
Allo maman bobo
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3 commentaires:
Oh ! (Ho ?)
J'ai l'impression que pour le titre du "blog au jeu de mot le plus pourrave" , la concurrence va être rude !
Heureusement, celui-là ("allo mamamn bobo"), qui est particulièrement fin, il faut le reconnaitre, je l'avais déjà fait, ouf !
...
Ce qui prouve mon génie.
(Non ? Ah (ah ?) bon !)
Les titres auxquels vous avez échappé :
Ouille, bobo !
Drs Dupuy-Berberian, bobologues.
Les enfants illégitimes de Don Quichotte.
Les bobos, c'est comme les cochons...
Mais cette polémique stérile, moi ça me dilate la rate ! Ah ah ah !
mais quelle créativité et quelle facilité dans l'élocution?
n'as tu pas rêvè de l'agrégation de grammaire dans une autre vie ? de toutes façons , ça nous change des " "artistes conceptuels" qui , vu la chaleur installée , me donnent des boutons..
vu que c''est très porté chez l'ado branchouille , futur khagneux , sous espèce "theatre au niveau du vecu ", actionnnisme au niveau de la chose en soi , mise ne muisque , svp, , et tout le toutim .. tout ça avec un sérieux , digne d'un cérémonial japonais..
les blogs "sans présentation", ça délasse .. dimanche et en semaine.
Bizarrement , c'est moins prétentieux , que ceux qui ne prétendent, dans leur pose imparable, soit disant à rien
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