Je suis finalement arrivé, ces derniers jours, au bout des six saisons de la série Curb Your Enthusiasm de Larry David, ce qu'on pourrait traduire Modère tes ardeurs ou Cache ta joie. Sous le titre plus lointain de Larry et son nombril, la première saison avait été diffusée il y a déjà un bon bout de temps sur Canal Jimmy. La petite chaîne des séries avait essayé, sans y parvenir, de capitaliser sur le succès de Seinfeld, dont Larry David est le co-créateur, et en était restée là. En fait, petit rappel pour les fans de la reine des sitcoms, Seinfeld (A Show About Nothing), Larry David était la principale inspiration du personnage de George Costanza, le chauve neurasthénique et veule perpétuellement à côté de la plaque. Pour paraphraser Flaubert, George, c'était Larry.
Quittant la série Seinfeld en plein succès, Larry David, le juif new-yorkais, se retrouve exilé à Hollywood, assis sur un tas d'or, à se tourner les pouces. Que faire ? Il réalise un long métrage au scénario astucieux autour d'un gain au casino, Sour Grapes (dont s'est apparemment largement inspiré le récent film Jackpot) mais qui ressemble à s'y méprendre à un épisode de sitcom. Sans que ce soit un compliment. Malgré l'échec, le film va servir de prototype à un autre projet...
Dans la peau de Larry David.
Bye bye le cinéma, retour à la télé. Une idée de génie, et c'est reparti : Larry convainc HBO de financer une série autour du personnage d'un ancien auteur de sitcom, juif new-yorkais à Los Angeles, qui se tourne les pouces, et essaie de monter une sitcom qui raconterait la vie d'un ancien auteur, bref, un peu lui-même... mise en abyme... vous voyez le topo. C'est pas que l'idée soit follement originale, c'est surtout qu'elle s'imposait un peu d'elle même.
L'originalité, c'est que Larry David, redevenu aussi acteur, se retrouve seul maître à bord, fait ce qu'il veut, bousculant quelques conventions du genre. Pas de rires enregistrés. Pas de dialogues écrits à l'avance, Larry écrit les scènes comme devant partir d'un point A pour arriver à un point B, avec grande latitude aux acteurs pour faire vivre leurs personnages. Résultat : les dialogues se chevauchent fréquemment, les acteurs rattrapent parfois une approximation, comme dans la vraie vie. Ajoutez à cela la vidéo à l'épaule et vous avez l'impression d'être plongé dans les coulisses d'Hollywood, avec tous ces acteurs, Ted Danson, Michael York, Ben Stiller, David Schwimmer, Mel Brooks, j'en passe, qui jouent leur propre rôle. Ça fait vraiment vrai, sur un ton assez inhabituel dans l'univers ultra formaté de la sitcom.
Et surtout il y a l'humour hargneux de Larry David auteur, qui s'écrit un personnage sans complaisance, égocentrique, insensible, maniaque obsessionnel, observateur des petits dysfonctionnements quotidiens jusque dans les moindres détails, entouré d'autres névropathes obnubilés par le paraître et le qu'en dira-t-on. Le Larry de Curb Your Enthusiasm se trouve systématiquement en butte au politiquement correct, incapable de décoder des codes sociaux qu'il juge absurdes, passant le plus clair de son temps à se confondre en excuses qui ne servent qu'à le plonger plus profondément dans l'embarras, le ridicule, et l'ostracisme.
Si la Californie a toujours vingt ans d'avance sur nous autres bouseux européens, on va bien rigoler !
Une scène muette pour les non anglophones.
16 juin 2008
Le nombril du monde
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5 commentaires:
Merdralors ! Je croyais que Mel Brooks était déjà mort ! Heureusement qu'il y a Hobopok Dimanche pour remonter le niveau !
C'est peut-être le personnage de Cosmo que je préférais, dans Seinfeld.
Apparemment Mel Brooks va bien, merci. C'est sa femme, la délicieuse Ann Bancroft, qui nous a quittés, et qui elle aussi était apparue dans Curb Your Enthusiasm, dans le dernier épisode de la saison cinq qui reprenait intelligemment le thème des Producteurs.
J'aime bien Curb même si je trouve parfois que les histoires ont tendance à être répétitives...Excellente série toutefois!
Tu l'as dit bouffi !
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