28 mars 2008

L'autre pays du dessin

Je savais même pas qu'il y avait un Institut néerlandais (IN) à Paris, eh ben voilà, j'y suis allé pour voir un bien joli docu qui y était projeté en avant-première. De koele woede van Bernhard Willem Holtrop, autrement dit pour les non batavophones, La colère froide de Willem, réalisé par Cinta Forger et Walther Grotenhuis. La télé néerlandaise diffusera en mai ce portrait du célèbre dessinateur de Libération et Charlie Hebdo, qui est par contre presque inconnu dans son pays d'origine.

Planqué derrière sa moustache, Bernhard Willem Holtrop.

Willem, je l'avais croisé à la Réunion lors du premier Cyclone BD en 2001 (j'en profite pour ressortir ce vieux dessin, avec la marque de son slip), et c'est vraiment pas le gars expansif à qui il est facile de tirer les vers du nez.


D'où le tour de force que constitue ce film, qui parvient à amener ce grand timide à se raconter, et même à révéler des traumatismes personnels que je n'aurai pas l'impudeur de rapporter ici, mais qui l'ont profondément marqué et éclairent son dessin et ses obsessions.

Peut-être les réalisateurs ont-ils su trouver le bon lubrifiant pour mettre la machine en route, on le voit un verre à la main sur presque chaque plan. On découvre surtout le duo qu'il forme avec Medy, sa femme depuis 37 ans. Un peu comme Crumb, Willem, génie graphique à tendance asociale, est flanqué d'une âme sœur qui le relie au monde, le porte un peu à bout de bras, une artiste ratée qu'il est obligé d'encourager malgré tout. Et c'est vrai que les dessins que la Medy nous sort devant la caméra (autoportraits avec des bites) valent leur pesant de mimolette.

Willem dévoile sa routine quasi quotidienne, sa discipline de travail, sa grande humilité, sa conscience professionnelle, "dessiner pour être lu, pas de gribouillages inutiles", sa conscience d'être éphémère et de ne surtout pas rechercher la postérité. L'importance qu'il attache à ne jamais dessiner sous le coup de la colère ou de l'émotion, mais toujours la tête froide (d'où le titre du film). Sa grande indépendance d'esprit, aussi, qui frise presque l'inconscience face aux limites de la liberté d'expression, dont il n'a cure. Son désir de toujours "toucher un nerf, sinon, autant se limiter à l'illustration". Et puis aussi un Willem inconnu, dessinateur plus tendre, père de famille inspiré par ses enfants.

Tout ça est bien alléchant et pourtant à ma connaissance pas de projet de diffusion de ce petit bijou par une chaîne française. Godverdomm ! Et pour finir quand même un petit dessin dudit Willem, ça vaut mieux qu'un long blabla ou qu'un dessin d'Hobopok.

1 commentaire:

Anonyme a dit…


Expo vente de Willem à la galerie Artitude

Le dessinateur satirique Willem expose à Paris du 19 au 30 septembre, à la galerie Artitude, en vous proposant d’acquérir ses œuvres dans une riche et étonnante diversité.

Le provocateur célèbre pour ses dessins dans « Libération » et « Charlie Hebdo », couronné cette année par le Festival de BD d’Angoulême, se dévoile sous un regard inédit. L’infatigable Willem présente en effet des œuvres en grand format, en noir et blanc mais aussi en couleurs, s’étalant sur plus de quatre décennies, allant de mai 68 à la présidence Sarkozy. Il est question d’un florilège d’affiches mais surtout de dessins sur des thèmes variés, illustrant des festivals artistiques, croquant les personnages illustres de ce monde et alternant les scènes de guerre avec les décors de paix. Afficher Willem dans votre salon sera possible, et plus encore : Cet autre regard sur le parcours du caricaturiste féroce vous offre aussi l’occasion de repartir avec son dernier livre paru en janvier, « Dégueulasse », qu’il aura plaisir à vous dédicacer sur place à deux reprises : le 19 septembre et le 21 septembre, de 17h00 à 20h00. Venez nombreux !

Galerie Artitude
4 avenue Paul Déroulède 75015 Paris
Métro : La Motte Picquet Grenelle
Tél : 01 45 66 66 33 – www.artitudeparis.com
Ouverture tous les jours de 10h30 à 19h00