There Will Be Blood de Paul Thomas Anderson.
L'épopée d'un sale type, racontée avec maestria. Prospecteur multicartes, Daniel Plainview (Daniel Day-Lewis) fait fortune dans le pétrole, et atterrit en Californie où il s'emploie à embobiner des culs aussi terreux que bénis pour leur racheter leurs misérables arpents de désert et y faire pousser des derricks.
Voilà bien longtemps que je n'avais pas vu un film d'une aussi extrême dureté. Et je ne dis pas ça pour la pauvre paire de meurtres qu'on y aperçoit (ce qui nous laisse assez loin de la moyenne des films américains), mais plutôt parce qu'en forant le sol californien, Paul Thomas Anderson trépane aussi les tréfonds de l'âme humaine, et la noirceur qui en remonte laisse un sale goût dans la bouche. Mi-figue mi-raisin au début, le personnage principal devient de plus en plus antipathique, faisant payer au restant de l'humanité sa détestation de lui-même, qu'il traduit par une ambition inflexible.
Le film est sans une once de sentiment (pas de gonzesse à l'horizon) mais traversé paradoxalement par un torrent d'émotions. La relation du prospecteur avec son fils, houleuse à ses meilleurs moments, se révèle n'être qu'horriblement frelatée. Et quand Plainview résout son affrontement de longue date avec un faux prédicateur évangéliste, miroir déformant de son inhumanité, par une revanche pleine d'ironie, sa victoire finale devient aussi sa perte. Ouf. Que voilà un film intelligent et qui donne à réfléchir. Mise scène brillante, tout comme la reconstitution plausible d'un far-west agonisant et dévoyé, à mi chemin entre la conquête de l'Ouest et la grande dépression.
Un petit bémol sur la bande-son et sa musique un peu lourdingue, et sur la longueur, 2h38. Faut dire que le réalisateur semble totalement confit d'admiration pour son acteur/personnage (on ne sait plus trop) Daniel Day-Lewis-Plainview, et je t'aurais facilement trouvé au moins dix minutes à couper.
Crash-test :
A noter parmi les seconds rôles : Paul Dano, avec sa bouille pas possible, vu en ado mutique dans Little Miss Sunshine, excellent ici en prédicateur, qu'il est pas loin de voler la vedette à Machin, et Ciaran Hinds (va savoir comment ça se prononce), ici un associé, qui campait un César très convaincant dans l'épatante série Rome d'HBO.
9 mars 2008
A l'ombre des derricks
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1 commentaire:
ok , on note dans la liste des trucs à voir.
Grosse mauvaise humeur pour le reste ; salut.
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