18 mars 2008

Essai concluant

Contre la bande dessinée de Jochen Gerner. Un essai graphique, une bande dessinée pour se pencher sur la bande dessinée. Titre trompeur, car il s'agit bien sûr d'un vibrant plaidoyer pro domo. Aaaaah, d'accord...

Et pour commencer un petit mot sur l'auteur : en fouillant un peu le net, je me suis aperçu que le gars Jochen n'est pas du tout teuton comme je me l'étais un peu facilement imaginé, mais un bon petit Lorrain né à Nancy. Peut-être qu'il a des ascendances, hein, j'ai pas vu son arbre généalogique, mais en attendant, on peut se dispenser de se racler disgracieusement le palais pour prononcer son nom, et se contenter en toute simplicité de "jochène jernère". Et hop. Ça c'est fait.

Allez on revient à son bouquin. Gerner, donc, qui nous avait à la fois épatés et déconcertés avec son conceptuel TNT en Amérique, continue de se poser des questions sur ce qu'est au fond la bande-dessinée. Et en guise de réponses, il a collectionné pendant des années tous les propos lus ou entendus se rapportant de près ou de loin à la BD. Résultat : ce livre assez déroutant de prime abord, où cohabitent dans un apparent fatras des citations parfois assez rocambolesques, catalogue d'idées reçues souvent affligeantes, et les commentaires graphiques plein de drôlerie que l'auteur y adjoint. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ? Non bien sûr, alors voilà à quoi ça ressemble.


C'est touffu, on ne sait pas toujours très bien par quel bout prendre l'objet, mais on finit par entrer dans la petite gigue intellectuelle de l'auteur et se laisser séduire par son graphisme faussement simplet. En quelques traits lumineux, Gerner sait traduire et dénoncer l'absurdité, l'emphase, la vacuité.


Un bon moment de rigolade (entre autres) avec ces pages consacrées aux critiques d'une association Salve Regina visiblement très catholique, sur les séries jeunesse les plus vendues.


Et un bon moment de réflexion (entre autres), avec ce parallèle entre architecture et BD. En se baladant à Berlin (je le croyais toujours teuton en lisant ça), Gerner a vu des gaufriers (c'est-à-dire des formats de découpage en cases) partout sur les façades.


Gerner réussit l'exploit de ne pas se prendre au sérieux alors qu'il considère la bande dessinée avec visiblement autant de sérieux que de cœur. Heureusement, l'éditeur (Jean-Christophe Menu, de l'Association, pour ne pas le nommer) a du sérieux pour deux, et inflige aux titres de sa collection Eprouvette ces couvertures d'une austérité quasi grégorienne, qui ne rendent guère justice aux pages qu'elles renferment, les condamnant à la quasi clandestinité. Dommage.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est vrai qu'avec une fille à poil empoignant un flingue ou une épée, ça aurait plus de gueule, vraiment dommage ...

Anonyme a dit…

Exactement.

Anonyme a dit…

Rien à foutre de la bédé, on préfère les femmes à poil.

Anonyme a dit…

Encore un bien bel article pour nous donner envie de lire la BD. j' y reviendrai certainement quand j'aurai fini mon travail.
Cependant une question me taraude:
Pourquoi cette détestation de la Teutonnie?

Hobopok a dit…

Où as-tu lu de la détestation ?